Un taxi pour Tobrouk : Moment de déprime Lyrics

JEAN RAMIREZ : Il arrivera pas jusqu'à Tobrouk... J'parle du fritz !

THEO DUMAS : J'aime mieux pas t'répondre tiens ! Quand on est cintré comme toi, on porte un écriteau, on prévient ! Une connerie pareille ça devrait relever du conseil de guerre !

*

FRANCOIS GENSAC : Là il y a du monde !

THEO DUMAS : Et bien essaie d'accrocher la base ! Tiens et toi fais-nous le relevé des positions ! Faut trois heures XXX et s'poser ! Si XXX connard le flingue pas !

FRANCOIS GENSAC : On reçoit mais on émet plus ! L'oscillateur a cramé, faudrait le changer mais y'en a pas alors...

THEO DUMAS : Comment ça y'en a pas ?

FRANCOIS GENSAC : Ben non on n'en a pas amené !

THEO DUMAS : Bordel de Dieu mais tout le monde se fout d'tout ici alors ! Alors on va crever comme des cons parce que ces messieurs n'ont pas apporté d'oscillateur de rechange ! Ah non mais c'est un monde, hein ! Mais j'vous jure qu'c'est un monde !

*

SAMUEL GOLDMANN : Qu'est-ce que tu t'es fait à la patte ?

FRANCOIS GENSAC : Non j'me suis brûlé c'est rien...

SAMUEL GOLDMANN : C'est pas beau ! Colle ton mouchoir dessus qu'les mouches s'y mettent pas !
FRANCOIS GENSAC : Oh tu sais les mouches... Un peu plus tôt, un peu plus tard...

*

THEO DUMAS : Alors t'essaies même plus ? Tu t'en fous quoi ! Qu'est-ce que vous racontiez-là ?

SAMUEL GOLDMANN : On causait de mouches...

THEO DUMAS : Hein ?

SAMUEL GOLDMANN : Vous savez pas c'que c'est qu'mourir de soif, mon général ! Moi j'ai étudié ça, c'est assez bichant... Vot' langue va d'abord gonfler... La déglutition deviendra de plus en plus pénible, puis viendront les troubles auditifs, puis les troubles visuels ensuite... C'est l'évolution classique. Les spasmes commenceront plus tard, précédant de peu l'agonie... C'est à ce moment là que les mouches attaqueront !

JEAN RAMIREZ : Tu pourrais peut-être causer d'aut'chose ?

SAMUEL GOLDMANN : Pourquoi ? C'est d'circonstance et j'suis médecin !

*

SAMUEL GOLDMANN : J'trouve ça marrant... J'ai souvent pensé à la mort, à la mienne bien sûr... J'voyais ça vers les soixante-dix piges, avec un encadré dans la revue médicale : "Professeur Samuel Goldmann est mort d'un arrêt du coeur". J'vais mourir ici, de soif, comme un géranium !

THEO DUMAS : T'as fini ? Bon alors debout, si t'as oublié quelque chose, tu nous l'diras en marchant ! Allez en route !

FRANCOIS GENSAC : Entre nous, vous croyez pas qu'elle s'arrête ici la route ?

SAMUEL GOLDMANN : On n'a plus d'bagnole, on n'a plus d'flotte, on est à sept cent bornes de nos lignes !
THEO DUMAS : Et ben on va les faire !

SAMUEL GOLDMANN : Comment ?

THEO DUMAS : Et ben à pinces !

SAMUEL GOLDMANN : Pauvre dingue ! Dès l'matin t'auras les pieds comme ça !

THEO DUMAS : Oh les pieds, la langue, les spasmes, tu nous a déjà servi hein !

SAMUEL GOLDMANN : Ben tu verras !

THEO DUMAS : Et ben si j'peux pas marcher, j'ramperai, j'les ferai sur le ventre s'il le faut les sept cent bornes, mais j'les ferai !

SAMUEL GOLDMANN : Tu les feras ?!

THEO DUMAS : Oui j'les ferai ! Et puis même si j'peux pas les faire, le seul moyen de trouver quelque chose, une patrouille, n'importe quoi, c'est d'marcher !

SAMUEL GOLDMANN : Et ben tu marcheras mais sans moi ! On abandonnera tous les deux j'te dis... On abandonnera tous !

THEO DUMAS : Mais oui c'est ça, "abandonne" ! "Abandonne donc, Dudu" ! Tu parles si j'l'ai déjà entendu c'couplet là, "abandonne" ! Et puis finalement c'était l'autre mec qu'allait sur son cul !

JEAN RAMIREZ : La boxe, c'est quand même pas l'même truc...

THEO DUMAS : Si exactement ! Y'a deux solutions, pas trois ! XXX ici ou marcher ! Et ben moi j'marche ! Et vous aussi !
FRANCOIS GENSAC : Nan ! Je suis désolé, brigadier, j'ai pas vécu onze mois dans la peau d'un hussard pour finir dans celle d'un fantassin !

THEO DUMAS : Ca veut dire quoi ?

FRANCOIS GENSAC : Simplement ceci : j'accepte de mourir mais avec un minimum d'effort... Alors j'vais donc rester ici, fumer mes dernières cigarettes, et attendre. J'vous laisse le soin de ramper à quatre pattes dans l'sable, la langue dehors ! Moi les mouches me trouveront assis ! Et ben allez mes braves ! Moi j'vais mourir pour la fécondation du désert ! Demain sur les tombeaux, les blés seront plus beaux, comme dit le poète... Gensac était un nom, ça va devenir une marque... Une marque d'engrais ! Le colonialisme est en pleine évolution !

THEO DUMAS : Et c'est un commando... Commando des orateurs oui ! Allez, tu viens moi y'm'font chier !

SAMUEL GOLDMANN : Dudu !

THEO DUMAS : Merde !

SAMUEL GOLDMANN : Dudu !

FRANCOIS GENSAC : Je crois, docteur, que l'Homme de Néandertal est en train de nous l'mettre dans l'os ! Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche !

How to Format Lyrics:

  • Type out all lyrics, even repeating song parts like the chorus
  • Lyrics should be broken down into individual lines
  • Use section headers above different song parts like [Verse], [Chorus], etc.
  • Use italics (<i>lyric</i>) and bold (<b>lyric</b>) to distinguish between different vocalists in the same song part
  • If you don’t understand a lyric, use [?]

To learn more, check out our transcription guide or visit our transcribers forum

About

Genius Annotation

Cette scène (de la neuvième minute à la treizième environ) tirée du film de Denis de la Patellière Un taxi pour Tobrouk comporte un petit nombre de répliques cultes du cinéma français, signées Michel Audiard.

La scène correspond au quatrième chapitre de la version DVD, intitulé moment de déprime.

Contexte :

Dans le désert du Sahara, en Lybie, en octobre 1942, suite à l'attaque d'un avion allemand contre leur véhicule, les quatre soldats français sont contraints de faire un choix : ou bien ils restent à côté de l'épave, ou bien ils se mettent en marche pour trouver de l'aide.

La fin de cette scène ci-dessous
http://www.youtube.com/watch?v=LD63P7tFgVY

Q&A

Find answers to frequently asked questions about the song and explore its deeper meaning

  1. Un taxi pour Tobrouk : Moment de déprime
Credits
Release Date
January 1, 1961
Tags
Comments